Le pays de l'or

porte bien son nom. Tout brille ici car tout est couvert d'or, depuis le toit de l'aéroport a l'arrivée, aux pagodes ou aux batiments publics. L'or est partout. Dire que nous nous amusions a compter les pagodes le premier jour et étions tout contents d'en denombrer 60. A Bagan, il y en plus de 2000 sur 40 km2. Et que dire de l'or des bouddhas ? Les bouddhas les plus visités sont recouverts d'or par chaque visiteur de passage. Ceux-ci ont d'ailleurs perdu leur forme d'origine et ressemblent maintenant plutot a des bonhommes Michelin. Tout cet or contraste avec les moines bouddhistes. Tres nombreux et qui vivent uniquement d'offrandes que l'ensemble de la population leur donne quotidiennement. Etrange manege que cette file indienne de moines attendant a l'entrée des restaurants de recevoir tantot un bol de riz, tantot du pain ou des légumes. L'accueil de la population est tres agréable. Le contact se fait facilement et n'est pas exclusivement tourné autour de l'argent.
Mais comme on dit ici les birmans ont le sourire aux levres mais on le coeur qui pleure.

Comment passer en effet sous silence la situation politique actuelle du pays car la Birmanie brille malheureusement aussi par l'absence de démocratie. La junte militaire, au pouvoir illégal, impose sa loi depuis plus de 15 ans. Des villages entiers sont déplacés, d'anciens pecheurs deviennent vendeurs de souvenirs pour touristes, les minorités sont sans cesse harcelées, minorités qui semblent pourtant représenter 80% de la population,...
Le gouvernement essaye d'attirer le touriste pour financer ses actions "politiques" mais la Birmanie est coupée du monde. Impossible de retirer de l'argent sur place, difficile d'entrer en contact avec le reste du monde par internet et impossible d'utiliser la téléphonie mobile autre que celle du pays. Plusieurs provinces sont interdites d'acces. La presse est muselée et on y voit que des articles en l'honneur du pouvoir actuel. Lamentable. Tout comme les décisions prises par le gouvernement, telle cette tour construite pour les touristes (cfr. photo) en plein Bagan et qui enlaidit le paysage. Ou la décision de déplacer la capitale contre toute logique ce qui oblige chaque personne a se déplacer a grand frais afin d'obtenir tout les papiers administratifs. Cette dictature n'est pas a l'aise. Les trains de nuit comme celui que nous devions prendre ont tous été annulés par crainte d'attentat, les touristes sont cantonnés a certains sites de peur qu'ils voient ce qu'ils ne devraient pas voir. A l'abri des regards indiscrets, le désaccord du pouvoir actuel est pourtant perceptible.
Le pays est magnifique et a gardé toute son ame, mais chaque visiteur avant de s'engouffrer dans un circuit touristique organisé par le gouvernement doit garder a l'esprit qu'il finance ce gouvernement.
Notre réconfort est de nous dire qu'aucune dictature ne perdure indéfiniment.